En 2007, on parlait déjà des salaires et charges sociales ainsi que des prix à la hausse. Nul ne prédisait cependant réellement la crise qui surviendrait en 2008. Les entreprises manufacturières étrangères se ruaient encore vers les centres industriels où le dynamisme des PME s’imposait comme un modèle à suivre. Wenzhou au Zhejiang en étant un bon exemple. La production de masse à bas prix et des marges concurrentielles y dominaient. Producteurs chinois d’une part et acheteurs, distributeurs et consommateurs occidentaux d’autre part, étaient tous sur la même longueur d’onde : le profit à court terme.
À l’époque, j’ai volontairement choisi de placer au programme d’une délégation de conseillers en entreprise d’un peu partout en Québec une visite de Haining, la capitale chinoise de la grappe industrielle du cuir. Haining, c’est plus de 2 milles entreprises de l’industrie du cuir. Tous les secteurs d’activités de l’industrie sont localisés dans la région : les producteurs et importateurs de peau, les fournisseurs d’intrants dans la fabrication de produits de fourrure et de cuir, les distributeurs et ceux qui livrent les produits aux acheteurs. Une illustration intéressante d’un modèle qui a réussit durant près de vingt ans.
Aujourd’hui, le « modèle de Wenzhou » périclite. Pour les entreprises locales, les coûts en sont trop élevés, les marges réduites à moins de 3 %, les financements rares, voire usuraires. La localisation à quelques heures de Shanghai est de moins en moins un avantage distinctif. Les acheteurs occidentaux, en quête de prix coupés, leur préfèrent les villes de l’intérieur, ou s’en vont tout simplement ailleurs, là où les salaires de la main d’oeuvre échappent encore aux lois et normes du travail en vigueur.
La Chine des bas prix est à se réinventer. Les entreprises occidentales acheteuses iront ailleurs pour profiter des aubaines. Espérons qu’elles se rendront compte assez rapidement du potentiel que représente la hausse des salaires pour la vente de produits en Chine. Quoi qu’il en soit, les Chinois ne se complairont pas très longtemps dans leur « malheur » et ne se sentiront pas contraints d’attendre un référendum pour imposer des solutions.
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